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triotique, versant encore pour l’emprunt forcé 92.000 livres et près de 16,000 livres pour la Caisse des secours et subsistances, équipant de ses deniers les volontaires des communes de Douy-la-Ramée et de Forfry ; il s’était toujours montré généreux, humain et secourable et n’avait pas attendu la nuit du 4 août pour renoncer à la plupart de ses droits féodaux ; il se conduisait en tout comme un bon patriote et un vrai républicain. Ces sacrifices, cette bienfaisance, cette circonspection n’empêchèrent pas que le comité de sûreté générale ne prit le 9 pluviôse an II (28 janvier 1791) la décision suivante : « Vu la déclaration produite, le comité arrête que le nommé Boissy, ci-devant comte, fils du ci-devant marquis de Coudray et gendre d’Aligre, sera saisi en quelque lieu qu’il se trouve et conduit sous escorte suffisante dans une maison d’arrêt ; que les scellés seront apposés sur ses papiers ; charge de l’exécution de ces dispositions le citoyen Fabre. Signé : Voulland, Louis du Bas-Rhin, Fabre porteur de l’ordre » [1].

En vertu de cet ordre M. de Boissy fut arrêté chez lui à La Marre dans la nuit du 10 au 11 ventôse. Le lendemain les officiers municipaux de Douy-la-Ramée durent, en sa présence et en celle du sus-nommé Fabre, visiter par une perquisition minutieuse les chambres, cabinets, armoires, papiers de M. de Boissy et y apposer les scellés. Dans leur procès-verbal qui constate qu’il n’a été rencontré rien de suspect, ils offrirent de se porter caution de leur concitoyen, d’en répondre et de le garder à sa maison de La Marre, invoquant l’exemple de M. de Girardin, détenu en sa maison d’Ermenonville sous la caution de la municipalité. Il ne fut pas déféré à leur demande ; le comte de Boissy fut transféré à Paris dans une maison dite de santé et d’arrêt, située rue du Chemin-Vert. Marié depuis cinq ans à Mlle  d’Aligre, il laissait sa femme gravement malade et une petite fille de 3 mois. Ses amis travaillèrent à son élargissement. Tout détenu devait à cet effet

  1. Voulland, né à Uzès, protestant, vota la mort de Louis XVI et présida la Convention du 7 au 21 décembre 1793. Au comité de sûreté générale, il se faisait remarquer par ses rigueurs, ses emportements et l’exubérance de ses gestes qui lui donnaient l’air d’un furieux. Il est mort en 1802 dans la misère. Louis du Bas-Rhin, né à Bar-le-Duc, vota aussi la mort de Louis XVI, se montra au comité de sûreté générale moins violent que ses collègues, fut président de la Convention le 5 octobre 1794 et mourut en 1796 (Biographie générale de Firmin Didot).
    Quant au porteur de l’ordre nommé Fabre et qui avait prénom Jacques, nous ignorons quel personnage il était.