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poudre ; assurer des secours aux indigents, nombreux en ce temps troublé ; distribuer les subventions de l’Etat aux familles des soldats ; rouvrir l’école et lui procurer un maître ; procéder à ce qu’on appelait l’épuration des fonctionnaires, sauf à les maintenir tous en fonctions ; se voir requis d’assister à l’arrestation du comte de Boissy, universellement aimé et dont l’élargissement fut réclamé, inutilement il est vrai, mais avec courage et non sans danger, et, outre tout cela, satisfaire aux réquisitions de chaque jour (peaux, cuirs, chaussures, vieux linges, chanvre, miel, bois de cornouiller, bois pour sabots, fer, cuivre, porcs, chevaux, charrettes, grains surtout et toujours), réquisitions effectuées sous la loi du maximum, devant être obéies sur l’heure, dussent-elles épuiser les ressources de la commune comme le jour où fut enlevée toute l’avoine sous la seule réserve de la quantité indispensablement nécessaire aux citoyens employant l’avoine dans leurs aliments ; subir pour ces réquisitions et faire subir d’incessantes visites domiciliaires ; être obligé et obliger les autres à faire battre de nouveau les grains déjà battus ou à livrer les pailles à des étrangers qui les faisaient repasser sous le fléau à leur profit ; être en butte aux dénonciations calomnieuses si fréquentes en ce temps de suspicion générale ; avoir à en défendre autrui ; en un mot se sentir, pour raison ou sous prétexte de salut public, entièrement exproprié, à la merci d’exigences hautaines et sans mesure, exposé pour la moindre apparence de négligence ou de tiédeur à la redoutable animadversion des comités du dehors.

Les fonctions de maire sont, parfois de nos jours, pénibles à remplir. Qu’était-ce donc alors que tout était à créer et que le trouble régnait partout ? Il est dû un souvenir particulièrement reconnaissant à ceux qui les ont, à cette époque, remplies avec zèle et dévouement, comme le fit Pierre-Philippe Benoist.

Le ci-devant seigneur de Douy-la-Ramée, le comte Hilaire Rouillé de Boissy fut, entre mille et mille autres, un exemple de l’insécurité dans laquelle vivait alors tout homme élevé par sa naissance ou ses services au-dessus de la foule. Ancien officier dans le régiment Languedoc-dragons, fils du marquis du Coudray, il n’émigra pas, continua de résider soit à Paris, soit à Forfry ou plus habituellement à La Marre où il faisait construire pour fournir du travail à ses anciens vassaux. Esprit libéral du reste, il se faisait un devoir d’obéir à toutes les prescriptions des pouvoirs publics, versant au Trésor 36.000 livres à titre de don pa-