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Montceaux. Peu après, Louis de Meaux, qui commandait une troupe d’hommes à pied prenait quelque repos au Plessis-Placy. Les catholiques de Meaux, en étant informés, fondirent sur ce village, firent prisonnier le capitaine et l’amenèrent à Meaux. Son procès fut instruit avec la rapidité habituelle à cette époque et le jour même (10 novembre), ce descendant du compagnon de Saint-Louis, infidèle à la religion de ses pères, fut décapité devant le parvis de la cathédrale ; sa tête fut placée au bout d’une pique et exposée au dessus de la porte Saint-Nicolas : telles étaient les mœurs.

La famille de Meaux fournit une autre victime aux dissensions religieuses de ce temps : en 1580, Scipion de Meaux, fils de Louis non moins ardent huguenot que son père dont il avait à cœur de venger la mort, levait et enrôlait des soldats, soit pour les conduire au secours de Fère menacé par les ligueurs, soit, suivant Toussaint Duplessis, pour s’emparer de la ville de Meaux ; pris les armes à la main, « il fut, ajoute cet historien, décapité le 22 juin 1580, » devant l’église cathédrale, au même lieu et du même glaive dont » on s’était servi pour son père. »

Louis et Scipion de Meaux ont cruellement souffert d’avoir renié la religion catholique que leurs ancêtres avaient défendue de leur épée. Ils ne furent pas d’ailleurs les seuls de leur maison qui subirent l’influence des idées nouvelles ; un de leurs cousins, Abel de Meaux, seigneur de Charny et de Quincy, se fit aussi huguenot. Témoignage frappant du trouble que les idées religieuses jetaient dans les esprits, il passait dans le camp ennemi de celui où servait un de ses fils, Jacques, reçu chevalier de Malte en 1555, et par contre nous allons voir Josias de Meaux, arrière-petit-fils de Louis et petit-neveu de Scipion, entrer dans l’ordre de Malte sous les auspices d’un autre de ses parents, Guillaume de Meaux Bois-Boudran, grand prieur de France[1].

A Louis de Meaux succédèrent dans la seigneurie de Douy-la-Ramée, Jean, un des neuf enfants issus de son mariage avec Andrée Le Vicomte ; lequel, lui-même épousa en 1579, Perrette de Campremy ; puis Antoine, fils de Jean, qui épousa en 1609 Lucrèce de Brossard[2]

  1. En 1589, fut tué à Neufmontiers dans une escarmouche un gentilhomme appelé le cadet de Douy (Toussaint Duplessis) ; il était du côté des ligueurs ; ce doit être un membre de la famille qui nous occupe.
  2. Contrats de mariages, le premier devant le notaire de Villepreux, du 15 septembre 1546, le deuxième devant Bienvenu, notaire à Meaux, du 27 août 1579, et le troisième devant Louis Frayron, notaire à Brégy, du 14 mai 1609. En 1652, était prieure du couvent de Fontaines-les-Nonnes, Magdeleine de Meaux,