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celle du Royaume-Uni et qui corresponde à ses gigantesques velléités d’expansion économique. Si l’Amérique, à l’heure présente, consacre d’énormes et croissantes dotations à la marine militaire, c’est que l’acquisition des Philippines, de Hawaï et des Antilles lui a ouvert des horizons nouveaux ; et en serrant encore de plus près les faits, nous pourrions démontrer que partout, l’extension coloniale a eu, pour corollaire forcé, le marinisme.

Mais il vaut mieux citer des chiffres, qui préciseront un point de fait capital. Nous laisserons en dehors le Japon. De 1898 à 1904, les sept grandes nations de race blanche : l’Angleterre, la France, la Russie, l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie[1], l’Italie, l’Union Américaine ont porté leurs dépenses navales de 1,725 à 2,485 millions, c’est-à-dire que la majoration a atteint 38 %. L’Allemagne a poussé ses dotations de 157 à 286 millions, tandis que l’Amérique passait de 300 à 550 millions, et l’Angleterre de 600 à 875 millions.

Pour mesurer d’ailleurs toute la répercussion, que l’expansion exotique a exercée sur les budgets militaires, il faudrait tenir compte des créations de points d’appui ; mais comme nous avons déjà plus haut examiné le coût pécuniaire du colonialisme, nous estimons inutile de nous attarder à cette matière.

L’influence morale du colonialisme n’est pas

  1. L’Autriche-Hongrie n’a pas de colonies ; aussi l’accroissement de sa flotte n’a-t-il pas été comparable à celui des autres États.