la cause de la paix. Au fur et à mesure que s’accroît la contiguïté entre deux nations augmentent les chances de conflagration. Déjà fermentaient des rancunes séculaires, des haines ataviques, auxquelles s’adjoignaient les appétits mercantiles rivaux. La communauté de lisière diplomatique est un élément menaçant, répété à l’infini, de discorde et de guerre.
Aussi ne sied-il point de s’étonner que le colonialisme ait fourni un nouveau prétexte aux armements de terre et de mer, aux dépenses d’outillage belliqueux, au renforcement des troupes et des flottes. Jadis, chaque État n’avait à surveiller que deux, trois, quatre frontières d’une étendue limitée ; sa marine n’avait d’autre objectif que de garder ses côtes ou de brûler éventuellement le littoral de l’adversaire. Par là on s’explique qu’en dehors de l’Angleterre, puissance insulaire, les nations, jusqu’à une date récente, n’aient point mis leur vigueur navale au premier plan de leurs soucis.
Mais l’expansion coloniale a bouleversé l’équilibre et l’économie de toutes choses. Comme les territoires occupés tendaient à s’élargir à l’infini, couvrant une surface triple, quintuple, décuple de celle de la métropole ; comme aussi l’effectif des sujets augmentait sans relâche, il était nécessaire de créer des milices spéciales pour protéger les acquisitions nouvelles. De là, la formation des armées coloniales composées mi-partie d’Européens, mi-partie d’indigènes, qui ont maintenant partout surgi.