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pour la Tunisie et la Tripolitaine. L’Angleterre et la Russie ne se heurtent ni dans la Baltique ni dans les détroits du Nord, mais en Afghanistan, à la lisière de l’Inde ; l’Allemagne et les États-Unis, dépourvus jadis de tout point de contact, ont appris à se combattre commercialement dans le Pacifique ; il n’est pas jusqu’au Japon, qui désormais ne semble appelé à heurter ses flottes et ses armées contre celles de la France, de l’Union, de l’Allemagne, peut-être même de l’Angleterre, depuis que sa prodigieuse expansion industrielle l’a poussé hors de ses frontières.

Le colonialisme a multiplié (et ce n’est point là le moindre de ses torts), les surfaces de frottements entre tous les États contemporains de quelque importance. La nature les avait séparés les uns des autres, jetant entre eux des chaînes de montagnes, de larges fleuves, des bras de mer, des océans. Violentant la géographie primitive, ils se sont dotés d’innombrables frontières mitoyennes.

La France et l’Allemagne se rencontrent sur la côte de Guinée, tandis que l’Angleterre et la Russie, distantes de milliers de kilomètres, ont trouvé brusquement leurs possessions juxtaposées dans l’Asie centrale. Les dépendances françaises et anglaises, les dépendances anglaises et allemandes sont souvent enchevêtrées, au point que seules des lignes conventionnelles, plus ou moins bien tracées et étudiées, les délimitent.

Cette transformation de la carte du globe, qui n’est pas encore terminée, ne saurait servir