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demeure un phénomène spécial, et les litiges du continent restent décisifs. La France perd ses possessions, ou la plupart d’entre elles, sous Louis XV ; de 1770 à 1830, les États-Unis, puis l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud se rendent indépendants. Par la force même des événements, la rivalité exotique s’atténue au point de disparaître pendant une grande partie du xixe siècle. L’unification allemande et l’unification italienne, qui sont les grandes sources de conflits armés, après la Révolution française et l’expansion de l’Empire napoléonien, affranchissent les antagonismes nationaux des litiges accessoires de l’Océan Indien ou de la côte d’Afrique.

Mais une fois la nouvelle structure politique du continent réalisée, ce sont des soucis d’un autre genre qui s’emparent des classes gouvernantes, et qui dominent les combinaisons d’États. Partout surgit, s’implante, triomphe la grande industrie ; partout le machinisme bouleverse la vieille économie et décuple l’activité publique. Dans l’Allemagne Bismarckienne, comme en Angleterre et en Belgique, se forme une bourgeoisie que la manufacture enrichit et pousse de plus en plus au premier plan. Pour la production moderne, les frontières nationales sont trop étroites, et alors les débouchés extérieurs deviennent une nécessité.

On conçoit que brusquement les questions purement européennes soient reléguées dans l’ombre, et que les relations des États se déterminent désormais, sur l’accord temporaire ou