Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

CHAPITRE VII

LE COLONIALISME ET LE MILITARISME


Le colonialisme ne jette pas seulement les nations, qui se sont livrées à son étreinte, dans les campagnes continues, sur les sols lointains ; il ajoute une menace de guerre, plus générale et plus immédiate, à toutes celles qui assaillent déjà l’humanité ; il complique et aggrave les relations entre États ; il multiplie les chances de conflits, à proportion même des conquêtes qu’il réalise et des convoitises que suscitent les expansions territoriales.

Il triomphe dans la lutte ; il engendre la lutte. Après avoir entraîné les blancs au massacre et à la spoliation des noirs, des jaunes et des rouges, il les achemine au massacre réciproque et à la spoliation mutuelle. La violence appelle la force. C’est ainsi que dans le monde contemporain les intérêts africains et asiatiques dominent tous les autres, et que les puissances maîtresses d’empires jettent des regards d’envie sur celles qui sont mieux pourvues et méritent la jalousie de celle qui, trop tard venues, ou trop faibles, ou trop timides, n’ont pas su pratiquer la politique de l’annexion incessante.

Mais, pour cette raison même qu’il est artisan