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naires, pour exiger des engagements de 10 ans, à raison de 10 fr. et de 2 fr. 50 par mois, selon que les signataires étaient des hommes « libres » ou d’ex-esclaves libérés. En Nouvelle-Calédonie, jusqu’en 1899, d’effroyables abus constituaient la règle. Le louage perpétuel ne choquait personne ; l’administration déterminait les chefs à accepter des contrats pour les enfants nés et à naître ; elle enrôlait de gré ou de force pour l’exploitation des forêts et des mines ; elle incarcérait ou déportait à l’île des Pins tous les Canaques qui avaient l’audace de protester. En 1899, le régime a été quelque peu modifié ; toutefois rien ne prouve que les crimes du passé aient brusquement cessé.

Mais c’est au Congo surtout que sévit le servage. L’acte de Berlin de 1885 a bien édicté la protection des indigènes « et prescrit l’humanité ». Les sociétés, qui tiennent, de près ou de loin, à l’État indépendant, exigent des prestations en nature, et, de la sorte, fournissent presque sans rien payer le riche marché d’Anvers, où elles récoltent des dividendes fabuleux. Mais la soi-disant prestation en nature n’est que le prête-nom du travail forcé. Des centaines de milliers de nègres sont employés à recueillir le caoutchouc ou à chasser l’éléphant. Le plus souvent ils sont payés 0 fr. 10 ou 0 fr. 13 par jour, en échange d’un labeur exténuant. Une denrée qui revient aux actionnaires à 0 fr. 20 le kilo, se vend de 7 à 9 fr. en Europe. Chaque village est taxé. Nous ne reviendrons pas sur les cruautés signalées ; le martinet, qu’on ap-