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À Madagascar, l’insurrection du Faranfagana est, de toute certitude, imputable aux exactions du gouvernement général. Tout administrateur colonial s’imagine qu’il aura bien mérité de la patrie, c’est-à-dire qu’il se sera créé des titres à l’avancement, s’il a arraché quelques milliers de francs de plus à ses contribuables noirs et jaunes. Le budget de la grande île se soldait, en 1904, par un excédent de 700,000 francs. Là-dessus, chacun poussa des cris d’enthousiasme, mais tout le monde oubliait par quels procédés ce résultat était acquis, et quels périls il portait en lui.

Or, des personnes qui ne sont pas, de parti pris, des adversaires du colonialisme, ont étudié de près la condition fiscale du Malgache. On a découvert qu’un ouvrier hova, ou sakalave, ou antaisaka, qui gagne 180 francs par an, — et encore cette somme ne lui est-elle pas garantie, — doit à la colonie : une taxe de capitation de 20 francs ; une taxe d’assistance médicale de 3 francs ; une taxe d’habitation de 1 à 2 francs, les taxes sur les rizières, sur les bovidés, les droits de douane et de consommation, — si bien qu’il acquitte au moins 30 francs, — un sixième de son maigre revenu. Comment des populations qui ont été habituées à des exigences plus douces, ou qui même étaient totalement indépendantes, accepteraient-elles, sans frémir, des impositions qui les réduisent au dénûment ?

Mais on n’a pas encore tracé un tableau complet et exact de la condition des natifs asservis