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pas assez vite, et que le sous-officier belge, qui commande la milice locale, veut voir couler le sang. La commission d’enquête a relevé des détails terrifiants qui ont peu à peu filtré, quelque précaution qu’on mît à garder le secret.

Après l’égorgement continu, la dépossession, l’expropriation brutale pour cause d’utilité privée. Le refoulement s’est opéré chez les Canaques, comme auparavant en Algérie, — au Togoland comme au Lagos. Il est admis que les blancs, — et n’entendez pas par là l’État, mais les compagnies privées, — ont tous les droits vis-à-vis des indigènes, et qu’ils prennent latitude entière de les vouer à la famine, en leur dérobant leurs territoires de culture ou de parcours.

Pour accentuer leur ruine, on frappe, au reste, les tribus d’impôts exorbitants, extravagants, disproportionnés à leurs moyens. La fiscalité exerce, dans tous les empires coloniaux, une spoliation continue et légale.

Si dans l’Indo-Chine française, on est arrivé en peu d’années à dresser un budget considérable et à obtenir un accroissement de recettes qui a fait l’admiration des financiers métropolitains, c’est en pressurant les Tonkinois et les Annamites. Ils ont connu le poids des impôts écrasants, qui tuent l’initiative, et qui découragent tout travail. Si aujourd’hui les esprits fermentent, c’est en grande part à l’appel des agitateurs qui exploitent cette aggravation incessante des taxes.