faudrait signaler les violences individuelles. Celles-ci n’émanent pas toujours d’un simple caprice : elles tournent au système ; comme elles sont couvertes par l’impunité, les gouvernements en portent largement la responsabilité. Les noms de Péters, de Livraghi, de Lugard, d’Arenberg, ont pris une sinistre signification. Le Cameroun et l’Érythrée, la Nigeria et le Ganda, ont servi de théâtres, tour à tour, à des scènes effroyables et répugnantes. Le Congo français est soumis en ce moment à une enquête, dont on atténuera à coup sûr les conclusions. Le Congo belge a déjà eu la sienne, qui n’a guère été menée impartialement, puisque sur trois commissaires, deux étaient à la dévotion du chef de l’État Indépendant, — mais qui n’en a pas moins abouti à d’édifiantes constatations. On a cité les actes d’un lieutenant Bossard qui ne le cédait en rien aux personnages énumérés ci-dessus. Dans certains districts, des satrapes se distrayaient, en faisant avaler aux indigènes du caoutchouc liquide. D’autres, comme des souverains du Dahomey ou du pays des Achantis, se plaisaient à couper les têtes et à ériger des pyramides de crânes. Plus loin, nous verrons quels procédés a restaurés Léopold II, pour faire rendre le plus possible à son domaine colonial. Mais ce n’est point seulement le travail forcé, que les sociétés philanthropiques anglaises ont dénoncé, — ce sont les massacres devenus la règle. Dans tel village, 250 ou 350 habitants sont fusillés en dix minutes, parce que l’ivoire ne rentre
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