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colons britanniques, furent repoussés dans le désert, où ils ne pouvaient plus trouver de quoi subsister. Comme ils s’obstinaient cependant à vivre, on les tua systématiquement ; on donna des primes à ceux qui les fusillaient sans pitié : un seul chasseur reçut plus de 200,000 francs par souscription publique, si bien que dès le milieu du xixe siècle, le vaste continent avait presque entièrement perdu ses hôtes d’autrefois. En 1834, la Tasmanie ne possédait plus que son immigration européenne. Les Maoris de la Nouvelle-Zélande, grâce à leur organisation et à leur vigueur physique, résistèrent plus longtemps, mais à l’heure actuelle, leur effectif n’est guère plus que de 42,000, tandis qu’il excédait 100,000 en 1840.

Les Américains ont usé des mêmes procédés à l’égard des Peaux-Rouges. La grande campagne de refoulement et d’anéantissement s’ouvrit en 1765, quand un descendant de William Penn, plus sauvage que les sauvages, n’hésita pas à offrir 130 piastres pour la chevelure d’un Indien et 50 piastres pour celle d’une Indienne. En 1835, les Cherokees furent repoussés vers l’ouest, parce qu’on avait besoin de leurs domaines ; peu après, le même sort fut assigné aux Séminoles de Floride ; en 1870, les Sioux perdirent la moitié de leurs terres, et la milice se baigna dans leur sang.

À côté de ces violences collectives, — ou d’autres encore qui sont à peine moins cruelles, — telles que l’aménagement des camps de reconcentration aux Philippines, en 1901-1904, il