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riz vint à manquer ; les famines sévirent. Comme il n’y avait point d’industrie, que les congrégations maîtresses du gouvernement étaient rebelles à tout progrès, une terre féconde entre toutes fut rapidement ruinée.

Aujourd’hui encore, le despotisme le plus dur, le pillage le plus effréné, l’arbitraire le moins limité règnent sur toute l’étendue des possessions anglaises, américaines, françaises, italiennes, russes, et dans cet État du Congo qui représente, au plus haut degré, l’exploitation capitaliste.

L’Inde, à elle seule, offre un saisissant tableau de la rapacité du colonialisme. Hyndman, dans de nombreux écrits, a montré quelles rapines signalent, dans cette contrée si naturellement riche, l’administration britannique. La substitution du régime impérial à la domination de la Compagnie, après le soulèvement de 1857, n’a point modifié les méthodes en vigueur. Comme jadis, les natifs, quelque instruits qu’ils puissent être, quelques admirables dispositions qu’ils offrent, sont écartés des emplois. Les indices de réveil national sont surveillés, épiés avec un soin jaloux, pour que la police puisse agir contre tous les Indous qui rêvent d’un sort meilleur. Jamais l’idée n’est venue à un vice-roi, si libéral qu’il prétende être, de restituer à ces centaines de millions d’hommes une parcelle de liberté et de dignité. Il n’y a là, aux yeux du service civil, qu’un troupeau bon à conduire et à pressurer. Du bien-être, de la subsistance de cette cohue sans