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CHAPITRE V

LA CONDITION DES INDIGÈNES


Les conquêtes coloniales modernes rappellent ces expéditions des temps antiques, où le vaincu devenait sur-le-champ, et de droit, un esclave. Ce n’est point pour répandre l’humanité et la liberté, quoi qu’ils disent, que les gouvernements décrètent l’invasion des terres barbares. Les indigènes assujettis sont, en général, voués à la pire des conditions. Pour eux, lorsqu’il est une loi et que l’arbitraire ne s’exerce pas impunément et sans limites, ce sont encore des principes despotiques qui l’emportent : leur vie et leur force de travail demeurent à la merci des blancs victorieux.

Tantôt on les extermine systématiquement ; tantôt ils sont victimes d’effroyables sévices, qu’aucun châtiment ne vient sanctionner ; tantôt ils subissent de lourds impôts, qu’ils doivent payer, sous peine de prison ou de violences corporelles. Leur labeur ne leur appartient nulle part : ils n’ont pas le droit de choisir entre l’indolence et l’activité ; mais ils doivent fournir le concours de leurs bras à l’État qui les domine, ou aux particuliers et aux sociétés commerciales que protège cet État. De la sorte, la suppression de l’esclavage n’est plus qu’un vain mot,