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veillants, administrateurs de toute nature ; et si ces multiples agents ne sont pas indispensables, n’est-il pas facile de proclamer leur nécessité, en invoquant des arguments qui iront au cœur des représentants du peuple ?

C’est de la sorte que, de 1891 à 1901, le personnel civil était porté dans l’empire exotique de la France, de 3,750 à 7,560 unités. La Guadeloupe, à elle seule, compte 1,152 fonctionnaires, la Martinique, 973, la Réunion, 904 ! Ne sied-il pas que les colons soient gouvernés comme leurs frères de la métropole, et ne leur ferait-on pas injure, si l’on simplifiait à leur usage les formalités administratives ? Un voyageur signalait tout récemment l’effroyable gaspillage de sinécures qu’il avait noté — non point en Nouvelle-Calédonie ou aux Comores — mais dans un petit centre d’Algérie, à peu près aussi important qu’une commune de quatrième ordre du Loiret ou des Ardennes. Pour quatre Français établis, au milieu d’une population indigène peu nombreuse, il énumérait : un juge de paix, un suppléant de juge de paix, un greffier et son commis, un interprête et son commis, un huissier, un receveur des postes, un gendarme, un receveur des contributions, un porteur de contraintes. On croirait assister à un vaudeville. C’est plaisant, mais significatif. La classe dirigeante, en titularisant tant d’hommes en Afrique ou ailleurs, les lie à sa propre cause, et consolide logiquement sa propre domination.

Pendant qu’on verse à flots l’argent pour les