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les déclassements, que provoque de jour en jour l’évolution économique, — si elle livrait totalement à leur sort les petits bourgeois, entraînés dans les catastrophes commerciales, écrasés par la concurrence des grands industriels et des grands magasins, — si elle ne conférait pas des avantages personnels à des citoyens dépouillés de leurs biens et dénués de tout, la subversion sociale apparaîtrait autrement menaçante. L’effectif des gens qui sont intéressés au maintien du système se réduisant progressivement, les derniers supports ne tarderaient pas à crouler. Mais le fonctionnarisme intervient, qui offre des places, et qui constitue proprement un outil de corruption et de division. Il est des chances pour que les candidats, choisis entre cent ou mille, qu’on dote d’un poste plus ou moins bien rétribué, s’érigent en défenseurs de la société capitaliste. Un révolutionnaire nanti sent bien vite décroître en lui l’énergie d’attaque. Et voilà pourquoi la bourgeoisie, au lieu de réduire le contingent des fonctionnaires qui, dans l’État français, représente plusieurs centaines de milliers d’individus, s’attache à l’accroître sans relâche. Le budget national, alimenté par la contribution des prolétaires, n’est-il point là pour parer à toutes les prodigalités ? Les colonies donnent un champ nouveau à l’expansion de la bureaucratie ; n’y faut-il pas, comme en Europe, des percepteurs, des receveurs de l’enregistrement, des douaniers, des gendarmes, des inspecteurs des forêts, des agents-voyers, des ingénieurs des mines, des contrôleurs, sur-