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chacune de ses guerres d’occupation a absorbé des millions, parfois des centaines de millions et des milliards. À l’heure actuelle, le devis des campagnes stériles du Somaliland excède 70 millions. De 1899 à 1901, la guerre sud-africaine a prélevé, sur les budgets annuels, 1,475 millions au total.

Restent encore les emprunts contractés pour faire face à telle conquête, que les recettes ordinaires étaient impuissantes à soutenir. La guerre sud-africaine a grossi la dette britannique de 4 milliards ; c’est à dire que chaque année, en dehors de tout amortissement, les contribuables du Royaume-Uni doivent verser de 100 à 120 millions pour couvrir les dépenses d’annexion du Transvaal et de l’Orange. Ainsi apparaît erronée la thèse de la quasi-gratuité du colonialisme anglais. À l’inverse du Royaume-Uni, la France a un budget colonial apparent des plus considérables. Ce budget s’est élevé d’année en année, avec une rapidité vertigineuse. Mais c’est surtout à dater de 1890, que la croissance s’est accusée, et qu’elle a exclu toutes limites.

En 1820, — il ne s’agissait alors que de pourvoir à d’anciennes colonies : la Réunion, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et les comptoirs de l’Inde, — le coût n’excédait pas 5 millions ; dix ans plus tard, l’Algérie n’entrant pas encore en compte, il atteignait 7 millions et demi. L’Algérie demeurant toujours en dehors, comme si elle n’était pas, à proprement parler, une colonie, le total passait à 10 1/2 millions en 1840,