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tiennent pour lâcheté toute soumission à l’étranger, réclament-ils, des soi-disant races inférieures, une docilité à leurs yeux condamnable et méprisable ? Le Français qui accepterait la tutelle allemande, l’Allemand qui accepterait la tutelle française, serait regardé comme indigne ; mais le Français et l’Allemand jettent des cris de stupeur, et déplorent la violation de la justice immanente, quand le Dahoméen ou le Hottentot revendiquent leur droit à vivre libres.

La domination européenne, implantée par la force, ne se maintient que par la force. Aucune puissance ne demeurerait une année maîtresse des possessions acquises, si elle les dégarnissait de troupes.

Quelque indolent que paraisse le peuple indou, quelque docilité de surface qu’il offre au service civil anglais, nul n’ignore, qu’à chaque instant, il frémit en ses profondeurs. Le grand soulèvement de 1857, qui manqua affranchir la Péninsule, et qui fut dompté par une surabondance de cruautés, pourrait se renouveler demain. À vrai dire, jamais les Indous ne se sont totalement résignés. Ils n’acceptent leur servitude, que parce qu’ils n’ont pu encore la briser ; et ils se contentent, dans leur faiblesse, de protester sans relâche contre le régime administratif et militaire qui pèse sur eux.

Le gouvernement britannique les a enveloppés d’un réseau de police et d’espionnage aux mailles presque invisibles. 125,000 fonctionnaires de tout ordre, de toute importance, contrôlent les actes et jusqu’aux pensées.