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dépêcher jusqu’à 20,000, jusqu’à 35,000 hommes. Et à l’heure où nous écrivons, cette procédure barbare est toujours en vigueur ; des colonnes françaises sévissent toujours dans le centre africain, bien que Rabah ait succombé, après Samory, et que l’empire de la terreur se soit étendu sur d’immenses régions. En février 1905, près de Yao, sur les confins de Wadaï, 400 indigènes étaient encore jetés à terre par nos balles.

L’histoire de la colonisation anglaise ressemble, trait pour trait, à celle de la colonisation française. L’Inde a été annexée, puis agrandie par une série de campagnes, la dernière en date étant celle du Thibet. L’Égypte ne coûta, par elle-même, que peu de peine au général Wolseley ; mais Alexandrie avait été bombardée, et c’est sur le haut Nil que le sang coula, lorsque les troupes à la solde du cabinet de Londres se heurtèrent au soulèvement Mahdiste. La destruction de la colonne Hicks et la chute de Gordon à Khartoum comptent parmi les événements les plus significatifs de l’expansion britannique ; et quand, bien plus tard, le général Kitchener reprit la conquête du Soudan égyptien, sa marche fut marquée par d’effroyables massacres de Derviches. La Nigeria, le pays des Achantis, l’Ouganda, pour citer seulement ces contrées, ne sont tombés aux mains des officiers de la reine Victoria qu’après de multiples et onéreuses collisions. La longue guerre des Boers, qui imposa au Royaume-Uni un gigantesque effort, qui lui infligea des