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atteint dans la personne de quelques usuriers officiels ; et vaguement d’abord, puis en termes plus précis, les journaux de la bourgeoisie préconisent l’emploi de la force. Il n’est pas d’exemple qu’une expédition, voulue par un ministère, n’ait pas eu lieu. Pour obtenir les crédits nécessaires, il suffit de ruser, de saisir le moment, et surtout de solliciter le bon vouloir des députés et des sénateurs, lorsque les troupes sont déjà désignées et les transports tout prêts. Ou encore, — le procédé est un peu plus délicat, mais plus commode, au fond, — c’est en période de vacances qu’on provoque l’incident suprême, et la dignité du pays est tellement compromise, qu’il devient impossible d’atermoyer. On demande, par la suite, non plus une autorisation de dépenses, mais une simple sanction, qui n’est jamais refusée, et le Parlement, satisfait d’être affranchi de toute initiative, se réjouit de l’audace du cabinet.

Il est admirable de noter, au Palais Bourbon, la permanence des majorités qui ont accordé les budgets des campagnes. Les dotations du Tonkin réunissent 370 voix en 1883, 354 en 1884, 374 en 1885 ; celles de Madagascar, 372 en 1885 et 377 en 1894 ; celles du Dahomey, 314 en 1892 ; celles du Soudan, 387 en 1892. La minorité contraire oscille de 107 à 177. La majorité a toujours été si forte et si consistante, que les ministres responsables trouvaient, dans sa fidélité, un encouragement à continuer, c’est à dire à renouveler les envois de troupes. Quant à