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au surplus, pour que nul ne prétendît à le développer encore. Pourtant, et bien avant qu’il ne connût la surpopulation, l’impérialisme a sévi, et une guerre heureuse a doté la République d’un embryon d’empire. Or cette tentative, qui en annonce d’autres, est intervenue au moment précis où l’équilibre de l’activité était rompu, outre-mer, au profit de l’industrie. L’Amérique agricole, l’Amérique qui cultive le blé et le coton, ne cherchait pas un autre champ d’exploitation ; l’Amérique manufacturière, celle qui fabrique de la fonte et de l’acier, celle qui extrait de la houille, se sentait à l’étroit entre le Pacifique et l’Atlantique. Nulle part, la corrélation entre l’expansion coloniale et le développement usinier ne s’est affirmée de façon aussi saisissante.

Pour citer un troisième exemple, et qui n’est pas moins suggestif, nous prendrons le groupe belge-congolais. Le Congo n’est pas une possession de la Belgique, bien que la Belgique ait contribué de ses deniers aux affaires de l’État indépendant ; mais si la Belgique n’avait pas été un pays industriel, sa classe dirigeante se serait sans doute désintéressée de l’entreprise du roi Léopold, et celui-ci n’eût point recueilli aussi aisément des capitaux. C’est que de cette terre à caoutchouc et à ivoire, on n’a pas renoncé à faire un débouché pour les ateliers de Wallonie et de Flandre. Un jour viendra, à coup sûr, où les produits actuels de cette colossale contrée se raréfieront, mais on aura cependant créé des besoins aux nègres,