l’homme supérieur ; aucun type d’être vivant ne pourrait être comparé au sien. De même qu’il a domestiqué le cheval, le chameau, l’éléphant et le chien, de même il mettra en tutelle tous les hommes qui ne sont pas blancs. Une volonté providentielle les a destinés à servir, à peiner pour autrui, à travailler sans récompense. En 1866, l’Américain Helper écrivait : « Conformément aux commandements du Tout-Puissant, il faut que tous ceux dans les veines desquels coule du sang noir soient exterminés. » Nous verrons comment ces doctrines furent appliquées littéralement en Australie : les premiers colons algériens étaient fort disposés à les étendre aux Arabes ; les compagnies congolaises, par esprit d’économie bien entendue, ménagent quelque peu la vie de leurs ressortissants, mais partout le dogme de la servitude a été professé. Bien plus, il domine partout la politique des États, qui refusent tous droits à leurs « nationaux de couleur », si l’on peut s’exprimer ainsi. Le Peulh et le Cafre, le Bantou et la Papou, le Canaque et l’Annamite, le Hova et le Sakalave, le Krouman et le Maori sont des citoyens de seconde ou de troisième classe. Ils correspondent, à peu de choses près, pour les colonialistes anglais, français, allemands, à l’esclave de Rome ou de Sparte. Nous verrons plus loin à quelles conséquences pratiques a abouti cette conception. Ici, il nous suffit de la signaler.
Lorsqu’on ne mène pas une expédition coloniale pour dégager le drapeau, l’honneur na-