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la Chine méridionale, et en particulier cette province du Yunnan, déjà soumise en théorie à une pénétration économique. Quant au Siam, ils feraient volontiers bon marché de son indépendance.


La colonisation russe se caractérise par ce trait, qu’elle opérait dans des contrées limitrophes de la métropole. Alors que la France et l’Angleterre étaient tenues d’envoyer à grands frais des expéditions à travers les mers, les tsars n’avaient qu’à déverser leurs cosaques à l’est et au sud, pour saisir d’énormes provinces. De plus, tandis que la France et l’Angleterre dispersaient leurs domaines sur les continents et les océans, la Russie déployait le sien en Asie. Il est vrai que ce domaine avait fini par comprendre toute l’Asie septentrionale, et qu’il était devenu, par suite, l’un des plus importants en étendue qui fussent au monde.

C’est de longue date que les explorateurs partis de Moscou ou d’ailleurs avaient reconnu la Sibérie, et établi sur elle une suzeraineté nominale. La grande poussée commença sous Nicolas Ier, et l’échec de Pérowski, près de Khiva, en 1837, ne déconcerta point les projets de l’empereur sur les khanats du Turkestan, Boukhara et Khokand devinrent les objectifs essentiels de la campagne. En 1847 était fondé le fort Aralsk, à l’embouchure du Syr-Daria, dans la mer d’Aral : c’était la base des opérations futures ; en 1848, la prise d’Ak-Medjid ouvrit l’ère de la conquête. Sous Alexandre II, la ville de Tur-