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la respectabilité apparente de la caste financière, industrielle et commerçante. Celle-ci se croyait encore tenue, sur son terrain primitif d’exploitation, à des ménagements, à de sages réserves. Dans les autres continents, se jugeant soustraite à tout contrôle, elle a étalé impudemment ses tares, exposé ses convoitises, développé ses rapines, et affronté le scandale sous toutes ses formes. Ses expéditions, ses conquêtes, ses créations d’empire ont ainsi encore diminué son prestige moral et surexcité le mépris des masses ; et comme les gouvernements, défenseurs des intérêts capitalistes, ont toléré, encouragé ces hontes et participé à d’effroyables ignominies, ils ont sacrifié les dernières parcelles d’une autorité qui ne se soutenait plus que par le plus singulier des hasards.

Le colonialisme a, en somme, alourdi le servage du prolétariat, mais il a en même temps accéléré sa formation et précipité sa libération. Si les ouvriers de France ou d’Angleterre étaient demeurés isolés au milieu d’un monde sommeillant, fossilisé en quelque sorte, jamais ils n’eussent pu, par leurs propres armes, forger une société différente. La bourgeoisie a eu cette délicatesse involontaire de leur donner d’innombrables auxiliaires, et de briser certains des obstacles qui entravaient leurs progrès.

Et si l’on recherche maintenant quelle doit être l’attitude de la classe ouvrière consciente, du socialisme, vis-à-vis de l’expansion coloniale, qui n’a peut-être pas encore achevé son œuvre, on dira qu’elle ressort assez nette-