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teurs spoliés de leurs biens par le mécanisme économique s’en vont rejoindre le prolétariat dont ils grossissent la masse. Partout, dans les pays qui ont colonisé, et dans ceux mêmes qui n’ont pas colonisé, mais qui éprouvent le contre-coup des initiatives d’autrui, — la décomposition de la caste dominatrice s’accentue. C’est la plèbe ouvrière qui s’enrichit des éléments expulsés ; mais son sort n’en devient que plus misérable, puisqu’elle compte avec la rivalité de ces nouveaux travailleurs forcés en quête d’emplois. Combien de propriétaires ont déjà été expropriés par la concurrence des viandes de l’Australie, des beurres de la Nouvelle-Zélande, des vins de la Mitidja ? Et combien d’autres encore vendront leurs métiers, le jour où les colonies productrices de coton transformeront sur place la matière première ? Ce recrutement indéfini du prolétariat est le trait capital de l’histoire contemporaine. Il aggrave le dénûment des ouvriers, mais en même temps, il accroît l’énergie de subversion de la classe dominée.

D’abord, au fur et à mesure que son effectif s’élève, qu’il déploie davantage ses foules opaques dans les faubourgs des cités, le prolétariat prend une conscience plus exacte de sa force ; au fur et à mesure qu’il souffre plus rudement, que le chômage se fait plus fréquent, que le salaire est plus disputé, il est poussé instinctivement, comme à son insu, vers l’organisation.

Ensuite, la classe ouvrière des vieux pays, de