Page:Louis - Le Colonialisme, 1905.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’Inde déversait sur la mère-patrie, pour exalter les services, la valeur collective des entreprises à longue portée. Peut-être le tableau, si chargé qu’il fût, offrait-il quelque parcelle de vérité, bien qu’on regardât toujours le travailleur en place, et qu’on négligeât le chômeur involontaire. Mais c’est en une très brève étape de son histoire, que l’Angleterre a détourné, sur son énorme prolétariat, une part des richesses asiatiques ; et bientôt le colonialisme, là-bas comme partout, a aggravé la misère et déprécié la main-d’œuvre, en multipliant les sans-travail.

Laissons le Royaume-Uni, et considérons l’ensemble des nations colonisatrices. Pendant une courte période, alors qu’elles ne produisent pas elles-mêmes, les possessions accroissent la demande des objets manufacturés ; mais, révolutionnées par le capitalisme qui s’y implante sans délai, elles essaient de produire à leur tour. Et comme elles ont l’avantage d’avoir des ouvriers à des prix dérisoires ; comme le noir et le jaune obéissent à des règlements, et acceptent un traitement, dont le blanc s’indignerait, elles acquièrent, dans la concurrence internationale, des avantages signalés. Non seulement elles aboutissent à restreindre les exportations de la métropole sur leur propre marché, mais encore elles rivalisent avec cette métropole, et lui dérobent des clients. Le développement de la production textile au Canada et dans l’Inde a porté préjudice aux ouvriers du Lancashire, de même que les progrès de l’agriculture et de la