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Les nuits des époux royaux se ressemblaient, sans qu’ils en éprouvassent le moindre ennui. Bien au contraire, ils trouvaient chaque soir un plaisir nouveau à se revoir sous leur véritable aspect, et ils étaient aussi amoureux qu’au premier jour.

— Viens vite, mon Hector, disait Églantine, viens vite car nous avons, ce soir, avec cette fête et ce bal, perdu un temps précieux pour nous, puisqu’il a été pris à nos heures d’amour…

On se doute qu’Hector avait autant de hâte que la princesse-roi de regagner le temps perdu, et ils furent bientôt couchés tous deux, et sitôt couchés, commencèrent à échanger des baisers…

« Églantine chérie, disait le fils du sénéchal, je t’aime chaque jour davantage.

— C’est comme moi, mon Hector, » répondait la princesse…

Mais à ce moment, une ombre se dressa au pied du lit ou plutôt, non pas une ombre, mais une femme animée du plus grand courroux, en proie à la plus vive agitation, qui s’écria :

— Oh ! C’est infâme !… C’est un crime de lèse-majesté !…

Séraphine avait préparé son effet et c’était intentionnellement qu’elle répétait mot pour mot la phrase qu’avait prononcée Benoni-Églantine le jour où elle avait surpris ensemble Hector et la fille du duc de Boulimie.

Hector se dressa sur son séant.

Une lumière brûlait toujours à la tête du lit. Il la prit pour éclairer le visage de celle qui venait troubler ainsi l’intimité des souverains.

Mais Séraphine ne se cacha pas ; elle s’avança, au contraire, et tendant une torchère à son ancien amant :

— Éclairez-nous donc mieux, messire. Il nous faut de la lumière pour ce que nous avons à nous dire tous les trois !…

— Séraphine ! s’écria Églantine… Comment êtes-vous ici ?

— Cela importe peu ! J’y suis, et c’est le principal… Ah ! Vous ne vous attendiez pas à ma visite !… Mais vous devez comprendre à présent que votre secret est découvert…

Hector répondit aussitôt :

— Vous avez été trop curieuse, madame… Il y a des secrets qu’on ne découvre qu’au péril de sa vie !

— Oh ! oh !… Vraiment ! Heureusement, je ne suis pas seule à le savoir, et mon mari, qui n’ignore pas où je suis, attend que je reparaisse sans que nul ait touché un cheveu de ma tête ?… Et mon mari n’est pas, lui, de ceux qui abandonnent leur dame dans un vilain couvent…

— Soit ! dit Églantine… Vous sortirez d’ici sans être inquiétée. Mais après ?…

— Après ?… Gente dame, qui vous faites passer pour un homme, et avez usurpé une couronne…