Page:Louis-d-elmont-l-inceste royal-1925.djvu/57

Cette page n’a pas encore été corrigée
— 55 —

Nous ne pouvons laisser se perpétuer une telle impos­ture… On dit que la reine va être mère… S’il naît un enfant, on le proclamera héritier et il n’aura aucun droit !…

Et penser encore que, tandis que je me morfondais dans un couvent où je serais encore sans toi, cet Hector, cause de mon malheur, se prêtait à cette comédie infâme ?

Oh ! Je veux me venger de ce traître. Je veux me venger aussi de cette Églantine ! Il faut leur arracher leurs masques !

xi

Un complot à la cour


On pense que Séraphine n’était pas femme à différer sa vengeance.

Néanmoins, elle voulait avant tout confondre ceux qu’elle n’appelait plus, lorsqu’elle était seule avec son époux, que « les imposteurs ». Elle réfléchit durant plusieurs jours à la façon dont elle s’y prendrait pour arriver à ses fins. Et elle conçut un projet audacieux qui consistait à s’introduire dans la chambre de la reine Yolande, une nuit, et de guetter le moment où les époux royaux seraient seuls pour les surprendre et les obliger à avouer.

Alors, le reste du plan arrêté par la princesse serait facile à exécuter. Elle exigerait, contre son silence, l’abdication du pseudo Benoni XIV, qui se retirerait avec la fausse reine Yolande et reconnaîtrait pour souverain le duc de Boulimie. Il entrait même dans le programme de Séraphine, qui allait beaucoup plus loin, d’obtenir de son père qu’il abdiquât lui aussi, afin de la reconnaître comme reine, faute d’héritiers mâles avec Arnaud comme prince consort.

— Oh ! disait-elle à celui-ci. Crois-tu que je serais bien vengée… Ces misérables seraient obligés de me prêter hommage… et de s’humilier devant moi !… Quelle revanche !…

Et je suis encore trop généreuse en leur permettant de continuer à vivre ensemble, même loin de la capitale, dans une retraite que je leur assignerai… Non, le châtiment ne serait pas suffisant… Je ferai mieux que cela… Je ferai enfermer cette princesse Églantine au couvent des Puritaines, mais en ordonnant de la traiter avec la plus extrême rigueur, et nous enverrons le bel Hector faire pénitence, de son côté, dans un couvent de moines, à moins, puisqu’il aime tant jouer le rôle de femme, que nous l’emprisonnions, lui aussi, avec des nonnes… Ne crois-tu pas que sa maîtresse en mourrait de jalousie, car enfin avec les nonnes, on ne sait jamais ce qu’il peut arriver !…

Arnaud, lui, était plutôt enclin à la générosité. Cela se conçoit, il n’avait aucune haine contre le fils du sénéchal et