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Tantôt, lorsque je fis part à la famille royale de l’événement que vous savez, j’observais votre attitude et mon cœur battait bien fort, tandis que mes yeux ne quittaient pas votre visage, cherchant à y lire vos impressions, aussi ma joie fut-elle grande de n’y voir aucune trace d’émotion.

Répétez-moi que l’escapade de Séraphine avec le lieutenant Arnaud ne vous a causé aucune tristesse, et dites-moi que vous ne pensez plus à cette femme…

Il y a longtemps, chère Églantine, que je ne pense plus à elle, et que mon cœur appartient tout entier à mon roi, qui est la plus enchanteresse des femmes…

Alors, vous allez pouvoir, sans faiblir, supporter à côté de vous la présence de la fille du duc de Boulimie et de son mari ?… Vous me le jurez ?

— Je le jure, Églantine aimée !

— Ô Hector… Hector… comme je t’aime… et comme mon bonheur est grand, à présent qu’il n’y a plus ce mauvais souvenir entre nous et que je te sens mien, tout à fait mien !

Vois, comme au soir de notre mariage, je me suis parée et j’ai parfumé spécialement mon corps pour t’en faire l’offrande… Tu es mien, mais je suis tienne plus que jamais !…

Hector, heureux lui aussi que plus aucun remords n’assombrît son bonheur, répondit avec feu aux appels amoureux de sa royale épouse et tous deux passèrent une nuit enivrante, se prenant et se donnant avec tout l’emportement de leurs vingt ans.

Églantine maintenant était bien sûre de n’avoir plus rien à redouter de sa jolie cousine, qu’elle pouvait autoriser à revenir à la cour, et même présenter sans arrière-pensée à la reine Yolande.

x

Une révélation


Le colonel Adhémar de Chamoisy faisait galoper ventre à terre son cheval sur la route du village de Gerbedor. Il était parti, seul, sans escorte, et n’avait pas hésité un seul instant sur la direction qu’il devait prendre. Car, détail que le jeune Arnaud ignorait, le colonel des hallebardiers de la garde connaissait aussi bien que le ravisseur de la princesse Séraphine la maison de la nourrice à laquelle, vingt ans plus tôt, il avait confié l’enfant né des amours du premier aide de camp et de la dame d’atours du duc de Boulimie. Et tout de suite, il avait pensé :

— Arnaud n’a pu se réfugier que chez sa nourrice.

Il en avait même fait part à Benoni XIV avant de le quitter, puisque aussi bien le cœur du roi était rempli de mansuétude à l’égard des deux jeunes gens.