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Qu’allait dire le roi lorsqu’il apprendrait l’événement ? Et quel scandale pour la communauté !…

Toutes les nonnes se réunirent dans la chapelle, afin de dire des prières pour conjurer les conséquences de ce scandale !…

Et, plus morte que vive, l’abbesse attendit la visite du colonel des hallebardiers de la garde. Lorsque celui-ci, à son tour, apprit ce qui s’était passé, il dit à son amante :

— Qu’allons-nous faire à présent ? Je ne peux céler au roi ce qui s’est produit ! Et il ne manquera pas d’exiger que les coupables soient sévèrement châtiés !

— Adhémar, lui répondit l’abbesse, sauve notre fils ! je t’en conjure !

— Je m’y employerai, sois sans crainte. On ignore heureusement que je suis le père du lieutenant Arnaud et je demanderai d’être chargé de le retrouver, ce qui me permettra de faciliter sa fuite hors du royaume.

Le colonel fit comme il l’avait dit, et s’en fut en tremblant rapporter au roi ce qui s’était passé au couvent des Puritaines.

À la grande stupéfaction d’Adhémar de Chamoisy, le souverain ne se montra nullement courroucé, et ce fut en souriant qu’il dit au colonel des hallebardiers :

— Qu’y voulez-vous faire, mon cher colonel ? Si l’oiseau s’est envolé, c’est que la cage était mal fermée… D’ailleurs, quand l’amour s’en mêle, il n’est pas de cage qui ne s’ouvre… Partez donc à la recherche de ces jeunes fous, et quand vous les retrouverez, ramenez-les ici que nous les marions sans délai !

Adhémar était tout heureux. Il s’en fut incontinent annoncer cette bonne nouvelle à la supérieure des Puritaines, puis, sans tarder, il partit à cheval à la recherche des amoureux.

Le roi ne pouvait contenir sa joie. Cette fuite de Séraphine en compagnie d’un jeune officier était ce qui pouvait lui causer le plus grand plaisir.

Il réunit le soir même un conseil de famille, auquel il convoqua la reine-mère, le duc et la duchesse de Boulimie et n’oublia surtout pas la reine Yolande.

Il annonça tout de go la nouvelle qu’il venait d’apprendre, s’efforçant de montrer une vive indignation :

— Je vous ai convoqués, dit-il, pour prendre une décision à l’égard de la princesse.

La duchesse de Boulimie se montra la plus dure à l’égard de sa fille :

— C’en est trop, s’écria-t-elle, c’en est trop ! Cette fille a mérité la peine la plus grave. Il faut la déclarer déchue de son rang, la ramener dans son couvent et lui imposer les plus grandes expiations, qu’elle mortifie sa chair, qu’elle soit fouettée de verges jusqu’au sang.