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La supérieure mit, le jour même, son amant au courant de cette conversation.

Mais le colonel lui dit :

— J’ai déjà essayé de parler au roi de la princesse Séraphine. Il m’a répondu, d’un ton irrité : « Elle est fort bien dans son couvent, qu’elle y reste ! Je n’ai pas besoin qu’elle provoque à la cour un nouveau scandale avec le premier gentilhomme venu. » Il faut attendre que le souverain soit mieux disposé.

Églantine jugeait qu’il était encore trop tôt pour exécuter le projet qu’elle avait arrêté d’accord avec sa mère Radegonde. Toutes deux voulaient trouver, avant tout, un jeune noble qui pourrait être accepté comme mari par Séraphine et surtout par son père le duc de Boulimie.

Celui-ci avait donné son assentiment à l’arrangement qui lui avait été proposé, mais il entendait choisir lui-même celui auquel il ferait le grand honneur de l’agréer dans sa maison.

Quant à la duchesse de Boulimie, lorsque la reine-mère lui avait parlé de Séraphine, elle s’était écriée :

— Cette fille ne m’est plus rien. Je ne veux plus la connaître. Le mieux sera qu’elle entre réellement en religion pour expier la faute qu’elle a commise.

Depuis le mariage du roi, la princesse Sigeberte, en effet, n’était même pas retourné au couvent des Puritaines pour voir son enfant. Elle paraissait l’avoir complètement reniée à dater du jour où force lui avait été d’abandonner tout espoir de la voir monter sur le trône. Il ne restait dans son cœur aucune trace d’amour maternel. Et cela n’était pas sans surprendre les personnes de son entourage, depuis le duc de Boulimie lui-même qui disait à sa noble épouse :

— Malgré tout, elle est ta fille.

— Non, monseigneur, elle ne l’est pas… ou plutôt elle ne l’est plus. Si même vous voulez m’être agréable, vous demanderez à l’abbesse de lui appliquer à l’avenir strictement, comme aux autres religieuses, la règle sévère du couvent. N’êtes-vous pas vous-même mécontent d’avoir, à cause de cette fille, dû renoncer à toutes vos espérances ?…

Pour moi j’enrage lorsque je vois la reine Yolande, cette étrangère, occuper une place qui revenait de droit à notre famille. Mieux. Regardez le jeune roi. Depuis son mariage, il est tout changé, il ne peut supporter certainement les exigences d’une épouse d’un tempérament beaucoup trop fougueux pour lui. L’autre jour, il a eu un malaise et s’est évanoui. Tirez-en vous-même la conclusion ; on dit déjà tout bas que la reine éprouve les premiers symptômes d’une future maternité ; ce sera donc cette femme, venue d’un pays lointain, qui, comme la reine Radegonde depuis vingt ans, sera appelée à présider aux destinées du pays, si, comme