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Le colonel des hallebardiers, auquel elle avait demandé des nouvelles, l’avait informé des grands événements qui s’étaient produits, du mariage du roi avec une princesse orientale du nom de Yolande, et de la mort annoncée du comte Hector de Vergenler.

— Croyez-vous, avait demandé la princesse, que mon amant ait vraiment péri ?

— Hélas ! Je ne saurais rien affirmer. Tout ce que je peux dire, c’est que je le quittai en bonne santé au château de Vidorée lorsqu’il me chargea du message que je vous ai transmis. J’ai questionné adroitement le grand sénéchal, celui-ci m’a répondu qu’il était malheureusement trop vrai que son fils avait trouvé la mort par accident, le lendemain du jour de son arrivée à Vidorée. C’est tout ce que je sais.

Séraphine fondit en larmes. Elle passa plusieurs jours à manifester la plus grande douleur, se demandant si Hector avait réellement péri ou si, comme il le lui avait promis, il reparaîtrait un jour pour la venir délivrer.

Mais le temps s’écoulait et elle ne recevait toujours aucune nouvelle.

La princesse finit par se dire qu’elle était jeune et belle et qu’elle ne pouvait continuer à vivre ainsi en recluse, loin du monde, pour un amant qui ne reparaissait plus. Ou il était réellement mort, ou il ne pensait plus à elle, car il eût certainement trouvé un expédient pour lui faire savoir au moins où il était.

Aussi décida-t-elle un jour de se confier à l’abbesse du couvent et de lui faire part de ses sentiments.

— Révérende mére, lui dit-elle, vous me traitez ici avec beaucoup d’égards et je ne peux que vous remercier de la façon dont vous égayez mon séjour parmi vous… Mais voici déjà deux longs mois que je suis votre prisonnière. Mon amant est mort ou, ce qui est tout comme, je ne sais ce qu’il est devenu.

N’êtes-vous pas d’avis qu’une jeune princesse ne peut se désoler éternellement ? Et ne croyez-vous pas que le roi, si je lui promettais de ne plus penser à mon amant, consentirait à me rendre la liberté ?

— Je ne sais rien, Altesse, des intentions de Sa Majesté à votre égard.

— C’est déjà un assez grave châtiment pour moi que de m’être vue supplantée dans le cœur du roi par une étrangère qui est venue prendre ma place. Je ne saurais plus longtemps supporter une déchéance comme la mienne pour un crime dont je ne suis pas seule coupable.

Aussi lorsque le colonel viendra, demandez-lui donc qu’il s’informe habilement, du sentiment de mon cousin envers moi.