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Mais cette complication avait été prévue, et l’on avait décidé à l’avance de la façon dont la reine Yolande simulerait une grossesse puis un accouchement, tandis que le roi Benoni serait, comme par hasard, officiellement absent de son palais, afin que la princesse Églantine pût, en toute tranquillité, dans sa chambre secrète, mettre au monde le futur héritier du trône.

Une dame de la cour vint enfin annoncer à la reine-mère que le roi la faisait demander.

Benoni XIV, qui venait de recevoir les hommages du premier ministre et des hauts fonctionnaires, était dans son cabinet particulier. Assis dans son fauteuil, il paraissait très las et ses yeux cernés trahissaient les excès de sa nuit de noces. Les courtisans n’avaient pas été sans en faire la remarque, et même l’un d’entre eux, le grand chambellan, avait dit au ministre de la cour :

— Sa Majesté s’est surmenée. Cette princesse orientale doit avoir un tempérament de feu ; pourvu qu’elle ne nous le mette pas sur le flanc !

Quant à la reine Yolande, elle était restée dans ses appartements, et le roi avait ordonné qu’on ne troublât point son repos.

Lorsque Églantine se retrouva avec sa mère, celle-ci lui demanda, anxieuse :

— Eh bien ! mon enfant ?… Hector s’est-il comporté suivant votre espoir.

— Ô mère, il a été merveilleux, parfait en tous points, et je suis mille fois heureuse…

— Alors, il n’est plus question de Séraphine.

— Vous pensez bien que je me suis gardée de lui en souffler mot !

Je veux attendre encore quelques jours pour prendre une décision à ce sujet, mais je crois à présent que je n’ai plus rien à craindre et que je pourrai même bientôt la faire sortir de son couvent.

Il faudrait qu’elle oubliât de son côté le fils du sénéchal et consentit à épouser un noble gentilhomme, qui l’emmènerait vivre quelque temps loin de la cour, afin que mon mari ne la rencontrât pas.

— Nous y songerons. Et je vais en parler à ses parents, le duc et la duchesse de Boulimie, qui accepteront certainement cet arrangement.

Il fut ainsi convenu entre la mère et le fils, puis la reine-mère alla frapper discrètement à la porte de la reine Yolande.

Depuis qu’Églantine l’avait quitté, Hector avait réfléchi. Après s’être longuement interrogé, il avait bien été obligé de s’avouer à lui-même que la princesse-roi lui plaisait au moins autant que Séraphine. Son amour pour celle-ci était déjà