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Elle regardait le comte, attendant ce qu’il allait dire.

Lui marchait nerveusement. Ses idées se heurtaient dans son cerveau.

Il était profondément ému par cette déclaration : l’amour de la princesse pour lui le stupéfiait.

Un moment, il avait eu envie de lui crier :

— C’est Séraphine que j’aime !… Rendez-la-moi !…

Mais il avait compris que c’était se perdre à tout jamais et perdre aussi Séraphine, car le roi, ou du moins celle qui était le roi, n’aurait pas pardonné.

Il avait eu raison jadis d’attribuer à la jalousie l’attitude de Benoni XIV lorsqu’ils avaient été surpris, Séraphine et lui, mais ce n’était pas de lui que le roi était jaloux, c’était de Séraphine qu’Églantine était jalouse !…

Il tenait, en effet, entre ses mains, la clé d’une énigme qui était un formidable secret d’État.

Mais il ne pouvait le révéler ; il était obligé de se faire complice de cette supercherie qui durait depuis vingt ans et dont son père le premier avait été l’un des ouvriers.

Ah ! Le duc de Boulimie serait heureux s’il apprenait jamais ce qui s’était passé… Mais si le duc de Boulimie l’apprenait, le scandale rejaillirait sur son père…

Et puis, il ne pouvait trahir non plus celle qui venait ainsi de se livrer à lui…

Le pauvre Hector était bien malheureux…

Il regardait Églantine qui l’implorait presque à présent.

— Pauvre petite ! dit-il.

Elle se jeta dans ses bras :

— Ô Hector ! lui dit-elle !… Vois, j’ai voulu paraître devant toi comme l’épousée le soir de ses noces… Je me suis parée pour venir te dire : Prends-moi ! Aime-moi !… Ne pense plus à l’autre !… Regarde… Je suis aussi belle qu’elle peut l’être… et elle ne peut pas t’aimer plus que je t’aime…

La pauvre Séraphine était absente, enfermée dans son couvent.

Églantine était là, qui s’offrait, jeune, vierge, amoureuse ; Hector la sentait trembler tout contre lui. Il ne sut pas résister à la tentation… Il la déshabilla doucement, il la trouva belle et désirable, et, il la porta vers le lit préparé pour les nouveaux époux…

Elle se laissait faire, heureuse, toute énamourée, frémissante sous les baisers et les caresses de son amant-épouse, auquel elle se donna avec autant de passion qu’avait pu en manifester pour le même Hector la fille du duc de Boulimie.

Et c’est ainsi que, bien que la princesse Yolande ne fût autre que le comte de Vergenler, fils du grand sénéchal, le mariage du roi Benoni XIV fut quand même consommé, mais