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— Vive le roi ! Vive la reine Yolande !

Puis les souverains reçurent les félicitations des grands de l’État.

Le duc et la duchesse de Boulimie les premiers félicitèrent les jeunes époux ; ce fut ensuite le tour du grand sénéchal qui ne laissa pas voir qu’il fut aucunement parent de la reine.

Même le roi l’assura de sa sympathie pour la perte cruelle qu’il avait faite « en la personne de son fils aimé », ce qu’Hector n’entendit pas sans une certaine émotion.

Bien plus encore que la veille « la princesse » fut surprise de la façon dont le roi la considérait et de la lueur qui brillait dans l’œil du monarque. Ce regard produisait sur Hector une impression qu’il ne pouvait ni définir ni analyser. Il ne pouvait s’empêcher de penser qu’il ressemblait à s’y méprendre au regard de quelqu’un d’amoureux.

« Décidement, se dit-il, le roi joue merveilleusement la comédie. Et il tient à paraître épris véritablement de son épouse ».

Le jeune homme attendait impatiemment la fin de cette journée qui devait lui apporter la révélation du secret gardé par Benoni XIV.

Il était curieux également de connaître la personne dont lui avait parlé la reine-mère et qu’on lui présenterait pour lui faire oublier la malheureuse princesse Séraphine. Il avait un moment caressé le fol espoir que cette personne ne serait autre que Séraphine elle-même, mais celle-ci n’avait pas paru au cours de la cérémonie, et il en avait conclu qu’elle était toujours dans le couvent des Puritaines. Ce n’était donc pas d’elle qu’avait parlé la reine-mère.

Le duc et la duchesse de Boulimie, d’autre part, ne semblaient pas le moins du monde au courant de la supercherie. On avait d’ailleurs bien recommandé au fils du sénéchal de garder le secret à leur égard plus qu’à celui de toute autre personne.

Hector eut bien voulu approcher du colonel des hallebardiers pour le charger d’une mission nouvelle.

Il avait médité longuement le message qu’il confierait à Adhémar de Chamoisy, et il s’était arrêté à ceci, qui ne trahirait pas le secret qu’il avait promis de garder :

— Faites savoir à la princesse Séraphine que son amant n’est point mort, quoiqu’on ait annoncé. Il m’a chargé de vous dire qu’il était en sûreté afin que vous l’appreniez à la prisonnière qu’il aime toujours.

« De cette façon, pensait-il, le colonel pensera que je ne fais que transmettre un avis qui m’a été confié. »

Mais le roi ne quitta pas un instant la pseudo-reine. Et Hector ne put parler à personne en dehors du souverain, si bien que nul ne put aller annoncer à Séraphine que son amant était toujours vivant.