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confiance dans la promesse d’un gentilhomme. Sachez donc que les ordres du roi n’ont pas été exécutés à la lettre. La princesse est bien recluse au couvent des Puritaines, mais elle y jouit d’un régime de faveur, à l’insu de toutes les autres nonnes.

— Oh ! Que me dites-vous là ? Vous aviez raison, vous me causez une grande joie. Mais en êtes-vous bien certain ?

— Si certain que je vois la princesse chaque jour.

Hector alors pensa que le colonel, qui lui montrait tant de sympathie, consentirait volontiers à transmettre à Séraphine un message de lui.

Adhémar de Chamoisy s’y refusa d’abord, mais devant l’insistance du comte, il finit par y consentir.

— Cependant, dit-il, je ne veux point porter de billet écrit, je lui ferai part seulement de vive voix, à mon retour, de la mission dont vous me chargerez.

Hector se contenta de cette promesse, bien qu’il eût préféré adresser à son aimée une lettre dans laquelle il aurait mis des phrases brûlantes d’amour. Il dit donc au colonel :

— Vous lui ferez part de ma libération. Vous ajouterez que rien au monde ne pourra éteindre le doux sentiment que je ressens pour elle. Qu’elle ne croie rien de ce qu’on lui dira à mon sujet, qu’elle ait confiance en moi, je tenterai l’impossible pour la délivrer et la reprendre afin que nous puissions nous enfuir ensemble…

— Je le lui dirai, foi de gentilhomme, promit Adémar.

Après six nuits de chevauchée — le jour on faisait halte dans les forêts, loin des habitations — on arriva au château de Vidoré où le sénéchal pénétra seul avec son fils.

Le colonel de Chamoisy reprit avec son escorte la route de Brindejonville et lorsqu’il arriva, il fit rapport au roi de son voyage, lui remettant un message du grand sénéchal. Celui-ci annonçait au souverain que tout s’était bien passé jusque là.

— J’attends, dit-il, à la frontière l’escorte que Votre Majesté doit m’envoyer pour le retour…

Adhémar se rendit ensuite au couvent des Puritaines ; et il fit sur-le-champ à la princesse Séraphine la commission dont il était chargé. La jeune femme montra une grande joie de savoir son amant libre et vivant.

— Combien, dit-elle, je vous aurai de gratitude pour m’avoir apporté cette bonne nouvelle. Le séjour dans cette demeure me semblera maintenant beaucoup plus doux puisque, grâce à vous, je pourrai savoir ce qu’il fait… Dites-lui que je ne désespérerai jamais de son amour et que je l’attends avec confiance, bien certaine qu’il saura me délivrer… Dites-lui que j’irai avec lui où qu’il veuille m’entraîner…