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t’annoncer. J’ai fait signer ce matin sa nomination par le roi.

Tu sais que le souverain aime les jeunes gens qui ont belle prestance. Il a trouvé Arnaud fort bel homme, malgré sa jeunesse et cela lui a plu tout de suite… Je crois qu’il fera son chemin.

— Il le fera sûrement, maintenant que nous possédons un secret du roi…

— Oui… Et nous pourrons nous aimer encore plus à notre aise, car je vais être chargé de venir chaque jour prendre des nouvelles de l’ex-princesse, qui ne doit plus être connue que sous le nom de sœur Marie-Anne.

— Quel crime a-t-elle commis ?…

— Je ne sais. Sans doute le crime d’amour…

— Alors, elle est punie comme moi… mais elle pourtant n’a pas donné le jour à un bâtard…

— Je ne le crois pas… Mais cessons de parler de la princesse. Il faut que je rentre au palais, ma mission est accomplie.

Le duc et la duchesse n’entendaient plus prononcer un mot. Ils ouvrirent doucement la porte et surprirent la religieuse et le colonel enlacés, échangeant un baiser.

Or, comme il n’était point coutume, à cette époque — pas plus que maintenant — que les colonels embrassassent les abbesses sur la bouche, le prince Népomucène et sa femme résolurent de tirer, sans plus tarder, parti de ce qu’ils venaient d’apprendre.

— Fort bien ! dit le duc. Parbleu, je vois que si, dans ce couvent, la règle est sévère pour les jeunes nonnes, il n’en est point ainsi pour la supérieure de la communauté !…

— Oh ! monseigneur !… fit la religieuse.

— J’espère à présent, reprit le duc, que vous avez compris qu’il vous fallait traiter ma fille, non comme une religieuse recluse, mais une hôtesse de haut rang, qui accomplit chez vous une retraite momentanée.

— Mais les ordres du roi…

— Messire le colonel des hallebardiers, dont le fils est lieutenant sous ses ordres, saura donner à notre illustre souverain toutes les assurances nécessaires pour que Sa Majesté ne doute pas de l’exécution fidèle de ses instructions.

Allons… Souvenez-vous tous deux que vous fûtes jadis attachés à nos personnes… Souvenez-vous aussi que je suis, dans ce royaume, le premier après le roi…

— Nous nous en souviendrons, monseigneur, répondit le colonel en s’inclinant.

C’est ainsi que l’amour, qui avait failli perdre Séraphine, la sauva au moment qu’elle s’y attendait le moins.

Contrairement à ce que le roi lui avait annoncé, ses beaux cheveux ne furent pas coupés ; on lui laissa sa toilette de