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— Non, jamais… jamais !…

Une dame de la cour, envoyée par le souverain, ranima la princesse, puis la reconduisit auprès de ses parents, qui furent autorisés à accompagner leur fille jusqu’au couvent des Puritaines.

Chemin faisant, la duchesse essaya de consoler son enfant, en lui disant :

— Espérons que la supérieure de ce couvent ne sera pas intraitable. Et, peut-être, en étant habiles, obtiendrons-nous pour vous quelque adoucissement. Duc, souvenez-vous que vous êtes toujours l’héritier du trône et que, si jamais un malheur arrivait au souverain régnant, vous seriez demain celui auquel tous devraient obéir, les supérieures des couvents comme les autres…

Lorsqu’ils furent en présence de l’abbesse des Puritaines qui portait le nom de mère Virginie, celle-ci leur répéta que les instructions données au nom du roi étaient très sévères et qu’elle ne pouvait y contrevenir sous peine des plus grands châtiments. Le colonel des hallebardiers de la garde était venu lui-même les communiquer à la supérieure de la communauté.

Celle-ci autorisa seulement le duc et la duchesse de Boulimie à assister à la cérémonie de la prise de voile qui devait avoir lieu dans une petite chapelle.

Or, tandis qu’ils attendaient, dans une pièce voisine, voici que le duc Népomucène et son épouse surprirent une conversation fort intéressante entre le colonel des hallebardiers (lequel était précisément l’ancien premier aide de camp du duc de Boulimie) et l’abbesse des Puritaines.

Le colonel et la religieuse ne parlaient ni plus ni moins que de leurs amours, et, au bout d’un instant, la princesse Sigeberte prit le bras de son mari, disant :

— Oh ! Je reconnais maintenant la voix de cette femme… Elle fut jadis ma première dame d’atours…

— Lorsque le colonel était mon aide de camp…

— Qui, et je vois que leurs amours ont résisté aux années écoulées…

— Écoutons ce qu’ils disent.

Et tout princes du sang qu’ils étaient, le duc et la duchesse prêtèrent l’oreille à travers la porte aux propos échangés dans la pièce voisine. Lesdits propos étaient bien faits pour affermir leur conviction, car ils apprirent ainsi beaucoup de choses qu’ils ignoraient.

La révérende mère disait à l’officier :

— Tu jures que tu m’aimes toujours ?…

— Oui, je te le jure…

— Sur quoi ?

— Sur la tête de notre fils… qui est actuellement lieutenant sous mes ordres. C’est la dernière nouvelle que j’ai à