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Par un des capitulaires qui lui sont attribués l’empereur décrète « que des écolos seront ouvertes pour les enfants sachant lire et que, à l’aide de livres catholiques exempts de fautes, ils y apprendront dans tous les monastères et évêchés les psaumes, le chant, le comput et la grammaire. » Ailleurs, Charlemagne insiste spécialement sur l’enseignement religieux : « Que les prêtres, disent encore les Capitulaires , enseignent toujours au peuple chrétien le symbole, qui est le signe de la foi, et l’oraison dominicale. Et nous voulons que ceux qui négligent d’apprendre ces choses, subissent une pénitence appropriée, soit par le jeûne, soit par un autre châtiment. En outre, il est juste que les fidèles envoient leurs fils aux écoles ou aux monastères, pour qu’ils y apprennent exactement la foi catholique et l’oraison dominicale, et qu’ils puissent à leur tour instruire les autres. »

Dans ce souci religieux du grand monarque pour l’éducation chrétienne, les enfants de condition servile ou d’origine infidèle ne sont pas oubliés. Des ordonnances spéciales pourvoient à leur instruction , et cela par tout le royaume. Car l’activité intellectuelle et le mouvement civilisateur, dont la pensée impériale est le foyer, semblent ne pas connaître de limites : la société européenne tout entière en subit l’influence. Partout où le prince promène ses armes triomphantes, depuis l’Ebre jusqu’à l’Elbe, depuis l’Adriatique jusqu’à l’océan germanique, ses conquêtes sont marquées par une éclosion soudaine d’œuvres catholiques, par l’établissement étonnamment fécond des deux institutions sœurs qui ont créé l’Europe chrétienne : l’Eglise et l’école *.

Au reste, ce fut l’une des gloires de ce remarquable homme d’Etat d’avoir su, pour accomplir de si grandes choses, s’entourer des conseillers les plus fidèles et les plus éclairés. La plupart étaient des hommes d’Eglise ; et si Alcuin se distingua entre

1—Capit. des rois Francs, t. 1,1. I, n. 63.

2— Ouv. cit., 1. V, n. 161.

i—Ibid., 1. VI, n. 377.

4—Hist. litt, t. IV, p p . 11-12.