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a fourni à la renaissance intellectuelle de cette époque ses éléments primordiaux : la revision et la restitution des manuscrits, tant religieux que profanes, ainsi que leur transcription attentive et leur diffusion.

Alcuin écrivit des livres sur les matières les plus variées, et il enseigna. A la cour royale elle-même, une école, connue sous le nom d’école palatine, fut fondée. Elle était fréquentée par les princes et les princesses du sang, par les enfants des grands et des nobles, et leur puissant maître, le fier monarque dont l’épée victorieuse commandait à toute l’Europe, ne croyait pas déshonorer sa couronne en descendant des hauteurs du trône pour s’asseoir, lui aussi, aux pieds d’une chaire de grammairien et pour prendre, à la place du sceptre royal, la plume de l’écolier. Il savait toute la force de l’exemple, et il n’ignorait pas, non plus, combien les hommes élevés en dignité, par leurs actes même les plus ordinaires, exercent d’influence sur l’orientation, bonne ou mauvaise, de la pensée populaire.

Avec un respect pour la Bible qui honore singulièrement sa foi, Charlemagne allait jusqu’à corriger de sa main les exemplaires défectueux des livres sacrés, et il mettait tout son orgueil à approfondir la science et à bien comprendre les rites de sa religion. Il se plaisait particulièrement à la lecture des écrits de saint Augustin, et l’on assure que le volume de la Cité de Dieu ne quittait jamais le chevet de son lit .

Rien donc d’étonnant que l’œuvre scolaire et la restauration littéraire, dues à ce prince, aient revêtu un caractère profondément religieux. Ce caractère se révèle et dans les écoles supérieures, où l’enseignement biblique et patristique tenait le haut rang, et dans les écoles plus modestes destinées aux enfants du peuple.

1— Mabillon a découvert une lettre écrite par le prince sur les dons du Saint-Esprit (Hist. litt., t. IV, p. 400). C’est de tout autres dons que se préoccupent, aujourd’hui, tant d’hommes publics en qui l’esprit de lucre, d’indifférence ou d’irréligion a remplacé l’esprit de force, de piété et de conseil.

2— Hist. litt., t. cit., p. 371.