Page:Louis-Adolphe Paquet - Droit public de l'Église, 1909.pdf/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

tait avec Buccès contre les ténèbres de la barbarie puis des Iles Britanniques qui, par les célèbres écoles monastiques dont elles étaient couvertes, jetaient depuis trois siècles dans le monde intellectuel une si bienfaisante lumière.

De ces écoles sortait le moine Alcuin, le principal collaborateur de Charlemagne dans la restauration, entreprise par ce prince, des lettres et des sciences. « C’était, dit l’histoire , un homme habile dans le grec comme dans le latin, et versé dans toutes les sciences divines et humaines. » Il prouva par sa conduite et par ses écrits ce que tant d’autres, prêtres et moines, ont démontré comme lui, avant et après lui, savoir, que l’Eglise est un phare, non une borne, et que la foi est un flambeau, non un éteignoir.

Avec une intelligence et une méthode dignes de la haute mission qui lui était confiée, Alcuin commença d’abord par purifier la langue des fautes grammaticales qui en déparaient la beauté. Charlemagne, pour qui rien ne semblait petit dans le grand œuvre de l’éducation, l’aidait de toute son autorité ; et ce fut par leurs soins réunis que s’opéra un travail éminemment utile et qui

1 — Ozanam (Dante et la philosophie cath. au XIIIe siècle, Disc, prél., 5e éd.) fait de la Rome papale de jadis l’éloge suivant : La papauté ne rendait point aux barbares les clefs de la ville. Les religieux lettrés d’Angleterre et d’Asie s’y rencontraient. En 690, on y voit venir un moine de Tarse, nommé Théodore, élevé aux écoles d’Athènes, et qui alla plus tard porteries lettres antiques sur le siège archiépiscopal de Cantorbéry. L’enseignement de la grammaire, c’est-à-dire de la littérature, s’y continuait : la bibliothèque du Vatican, si pauvre qu’elle fût, envoyait des manuscrits grecs d’Aristote à Pépin le Bref. Les basiliques s’enrichissaient de mosaïques et de peintures. L’infatigable activité de l’esprit humain se montrait dans les belles controverses soutenues par les théologiens d’Italie contre les Monothélites et les Iconoclastes. Mais la civilisation se perpétuait surtout par ce qui en est le plus fidèle dépôt, c’est-à-dire par les langues. L’Eglise romaine portait aux peuples du Nord le vieil idiome des proconsuls, disputait avec Constantinople dans le langage de saint Jean Chrysostome, recueillait religieusement les textes primitifs des Ecritures. En consacrant par une adoption solennelle le latin, le grec et l’hébreu, elle sauvait ce qu’il y avait de plus éminent dans le passé, le génie du Latium, celui de la Grèce et celui de l’Orient. »

2 - Hist. litt., t. IV, p. 8.