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CHAPITRE SIXIÈME

LE MOUVEMENT SCOLAIRE SOUS CHARLEMAGNE.

L’illustre roi des Francs, qui le premier ceignit la couronne du nouvel empire d’Occident, eut le double mérite d’être un homme de génie et un monarque d’une foi profonde.

Son esprit élevé, quoique sans culture, lui fit comprendre quel rôle joue l’éducation dans la vraie civilisation des peuples, et cette vue intuitive des besoins sociaux lui inspira une série de mesures législatives et administratives qui en firent le bienfaiteur et le Mécène de son époque. D’un autre côté, sa foi admirable lui montra dans l’Eglise du Christ la première éducatrice du genre humain, et c’est aux doctrines et à l’influence de cette grande société spirituelle qu’il voulut subordonner tout enseignement, supérieur et populaire.

Dans une lettre circulaire, adressée vers 788 aux évêques et aux abbés, pour les exhorter à entourer de toutes les sollicitudes de leur zèle l’œuvre de l’éducation et l’étude par trop négligée des sciences sacrées et profanes, Charlemagne pose ce principe d’une haute et féconde philosophie : « Quoique les bonnes actions l’emportent sur le savoir, c’est cependant le savoir qui détermine à bien agir. »

Conformément à cette maxime et pour en assurer l’application efficace dans toute l’étendue de ses Etats, il commença par appeler près de lui les hommes les plus capables de le seconder dans ses desseins. La France d’alors n’était riche ni en pédagogues ni en hommes de lettres. Il n’hésita pas à en faire venir des pays étrangers , de l’Italie où l’action civilisatrice de la Papauté lut-

1— Capitulaires des rois Francs, éd. Baluze et De Chiniac, t. I, p. 201.

2 — Hist. litt., t. IV, pp. 7-8.