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pour couvrir bientôt, comme de riches essaims, presque toute la surface des Gaules et des autres pays chrétiens. Le seul diocèse de Vienne, sans y comprendre la ville elle-même, en comptait plus de soixante . Or, d’après la règle bénédictine devenue en cela la règle commune, les moines devaient consacrer leur temps, partie à la prière, partie au travail des mains, partie à la lecture et à l’étude. Chaque couvent possédait une bibliothèque, dont les rayons, par les soins de laborieux copistes, s’enrichissaient peu à peu de nouveaux manuscrits et des livres les plus anciens et les plus précieux. C’est ainsi que, malgré le malheur des temps, la plupart des chefs-d’œuvre de l’antiquité païenne et chrétienne purent échapper au fléau de l’insouciance publique et aux déprédations de la barbarie.

Il y a plus. Aux divers couvents étaient attachées des écoles plus ou moins savantes, plus ou moins importantes, selon le degré de culture des religieux qui les dirigeaient et selon le caractère du milieu où elles florissaient. « Destinées d’abord uniquement aux religieux, ces écoles ne tardèrent pas à être ouvertes à la jeunesse séculière ; car il n’y avait que là qu’elle pût recevoir quelque instruction, et on n’aurait peut-être pas trouvé alors, dans la France entière, un seul laïque, qui fût dans le cas d’enseigner ; les moines seuls possédaient quelques connaissances. Aussi voyons-nous que tous les écrits qui nous sont parvenus de ces siècles barbares, toutes les chroniques qui nous sont restées, sont sortis des couvents . »

Les écoles monastiques de la Gaule , et celles des îles de Bre-

1 - Ibid., p . 432.

2 - Dubarle, ouv. cité, p. 22.

3 — Voici en quels termes Montalembert parle de l’école de Luxueil, fondée par saint Colomban : « Luxueil fut pendant tout le VIIe siècle la plus célèbre école de la chrétienté et la plus fréquentée. On y voit affluer les clercs et les moines des autres monastères, et, bien plus nombreux encore, les enfants des plus nobles races franques et bourguignonnes. Lyon, Autun, Langres, Strasbourg, les cités les plus fameuses de la Gaule, y envoient leur jeunesse laïque. Les pères y viennent en foule étudier avec leurs enfants : les uns