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d’abord le recrutement du clergé, mais il en découlait des conséquences plus générales, puisque beaucoup de ces jeunes lecteurs restaient dans le monde. Ces écoles, au dire de M. Guizot se multiplièrent fort irrégulièrement, assez nombreuses dans certains diocèses, presque nulles dans d’autres.

Les écoles épiscopales occupèrent une place plus large et jouèrent un rôle plus important dans l’histoire de l’éducation.

Créées par les évêques, placées sous leur surveillance immédiate, et situées dans l’intérieur même des palais épiscopaux, ou près des églises, elles étaient ouvertes non seulement aux clercs, mais encore à la jeunesse séculière3. Les évêques y enseignaient d’abord eux-mêmes, et souvent par leurs talents ils leur assuraient un haut prestige ; c’est ainsi que les écoles de Paris, de Tours, de Reims, d’Arles, de Poitiers, pour ne mentionner que les plus célèbres de l’Eglise de France, acquirent, sous saint Germain, saint Grégoire, saint Rémi, saint Césaire et Fortunat, une grande et juste renommée. Mais les devoirs du sacerdoce et le grand nombre des écoliers obligèrent bientôt les prélats instituteurs à se décharger de ces travaux sur des prêtres ou des diacres, dont le chef, chargé de présider à la direction des études, porta tour à tour le nom de primicier, d’écolâtre ou de scolastique, de chefecier ou de chancelier3.

A ce propos le P. Ventura fait la judicieuse remarque suivante4 : « L’Eglise, dit-il, ne s’est pas contentée de faire, de l’instruction de l’ignorant et du petit, l’une des œuvres de la miséricorde chrétienne, elle en a fait une espèce de religion et une dignité ecclésiastique ; elle a établi ses écoles près des églises, et le scholasticus, chargé d’apprendre aux enfants les éléments des lettres avec ceux de la foi, était, au moyen âge, un dignitaire du chapitre qui partageait la même rétribution et les mêmes honneurs

1 — Ouv. cit., p. 3.

2 — E. Dubarle, Histoire de l’Université de Paris, t. I, p. 18 (nouv. éd.).

3 — Hist. litt., t. III, p. 24.

4 — Conférences, p. 289.