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reurs, purent pendant quelque temps y enseigner avec éclat la littérature grecque ou latine. Mais bientôt allait se déchaîner l’orage qui devait jeter à bas, avec l’empire romain lui-même, le brillant édifice de ses écoles. L’invasion des barbares ruina presque partout, sinon toutes les écoles populaires, du moins les établissements de plus haut ton que la munificence des Césars entretenait et même ceux que les provinces ou les municipalités avaient créés1.

Ces institutions une fois disparues, il ne semble pas que les monarchies nouvelles (sauf de rares exceptions) en aient elles-mêmes, dès lors, organisé aux frais du trésor public. On a dit, il est vrai, qu’aux temps mérovingiens il existait dans le palais des rois francs une école littéraire. Mais de récents critiques nient ce fait ou plutôt n’y veulent reconnaître que l’existence d’une école spéciale et préparatoire aux fonctions militaires ou administratives3.

C’est donc l’Eglise seule qui prit en main la cause de l’éducation, et, pendant cette longue période d’obscurités intellectuelles et de bouleversements sociaux, tint allumé le flambeau des lettres. Trois sortes d’écoles naquirent de son impulsion généreuse : les écoles presbytérales ou paroissiales, les écoles épiscopales ou cathédrales, les écoles monacales ou claustrales.

On cite un texte du IIe Concile de Vaison, tenu en 529, et demandant que, conformément à ce qui se pratiquait avec fruit dans toute l’Italie, tous les prêtres de la campagne reçoivent chez eux de jeunes lecteurs pour leur apprendre à lire l’Ecriture, à réciter les psaumes, et pour les instruire dans la loi de Dieu4. L’Eglise, dans ces prescriptions, avait sans doute en vue tout

1 — Lavollée, L’Etat, le père et l’enfant, p. 18.

2 — L’Histoire littéraire (t. III, p. 447) mentionne le fait de Sigebert, roi des Anglais orientaux qui, de concert avec l’évêque Félix, aurait, vers le commencement du VIIe siècle, établi dans ses Etats des écoles publiques pour l’instruction de la jeunesse.

3 — E. Vacandard, Revue des questions historiques, t. 76, pp. 549-53.

4—Hist. litt., t. III, pp. 149-50.