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non moins illustre. « Quoi de plus grand, s’écrie saint Jean Chrysostome1, que le gouvernement des âmes et la formation de la jeunesse ! L’art d’instruire les jeunes gens, de façonner selon les règles du vrai et du bien leur intelligence et leur cœur, l’emporte de beaucoup sur l’œuvre des peintres, des sculpteurs, des artistes les plus renommés. »

M. Guizot,—dont, du reste, la docte impartialité a rendu les plus beaux hommages à l’Eglise et à son action sociale,—prétend que du jour où les écoles civiles, éléments de l’ancienne organisation scolaire, tombèrent sous les coups des barbares, le clergé, dans son attachement à l’enseignement religieux, négligea et alla parfois jusqu’à condamner « les sciences profanes en elles-mêmes2. » Cette assertion nous paraît dénuée de tout fondement. Elle a été inspirée à l’éminent écrivain par quelques mots mal compris d’une lettre de saint Grégoire le Grand à l’évêque Didier, lequel, au lieu de prêcher l’Evangile, commentait dans son église les fables païennes3. Le Pape l’en reprend, et à bon droit ; mais ni lui, ni aucun de ses prédécesseurs ou de ses successeurs, ni l’Eglise en général n’ont jamais interdit l’enseignement et l’étude des lettres et des sciences profanes.

Parmi les homélies ou instructions morales de saint Basile, il s’en trouve une adressée « aux jeunes gens sur la manière d’étudier avec fruit les écrits des païens4.» Le saint, avec une grande prudence, signale les précautions à prendre dans ces sortes d’études, puis il montre les avantages de forme et de fond qu’on en peut retirer : « La destinée d’un arbre, dit-il, est de donner son fruit en temps opportun : cependant les feuilles qui s’agitent autour des branches lui forment une parure. Ainsi le fruit essentiel de l’âme est la vérité, mais le vêtement extérieur de la sagesse ne doit pas être méprisé : il ressemble à ces feuilles qui


1—Hom. 59 al. 60, in c. 18. Matth., n° 7 (Migne). 2 — Histoire de la civilisation en France, t. II, p. 5 (7e éd.). 3 — Voir l’abbé Landriot, Recherches historiques sur les écoles littéraires du christianisme, pp. 255-57.

4 - Hom. XXII.