Page:Louis-Adolphe Paquet - Droit public de l'Église, 1909.pdf/33

Cette page n’a pas encore été corrigée

son esprit propre, l’esprit d’un empereur païen, l’esprit d’un gouvernement païen, que cet apostat cherchait à faire pénétrer et à faire triompher dans tout l’empire ? Aujourd’hui, pour chasser Dieu de l’école, pour ostraciser les congrégations religieuses, pour étouffer d’une main sournoise la liberté d’enseignement, on en appelle aussi à l’esprit public, on invoque la raison « d’ordre public», lequel, assure-t-on, réclame ces énergiques mesures. En réalité, ce sont les idées d’un groupe de sectaires qu’on impose fallacieusement à toute une nation.

Les ordonnances de Julien, accueillies par plusieurs païens équitables non sans un étonnement mêlé de honte, provoquèrent chez les chrétiens une légitime indignation. Quelques-uns d’entre eux voulurent lui représenter l’injustice de sa conduite et l’engager à révoquer des lois si contraires à la conscience d’au moins la moitié de ses sujets. « Non, répondit-il, l’éloquence, c’est notre affaire ; gardez votre ignorance et votre rusticité ; votre philosophie n’a qu’un mot : Croyez ! Contentez-vous de croire, et cessez de vouloir connaître1. »

Julien battait la marche à ceux qui, de nos jours, s’épuisent en vains efforts pour établir, à l’encontre du sentiment catholique, qu’il existe une opposition réelle entre la religion d’autorité fondée par Jésus-Christ et les méthodes scientifiques.

Saint Grégoire de Nazianze se fit, en termes éloquents, l’interprète indigné des sentiments et de l’émotion vive de ses coreligionnaires, en affirmant son amour, sa passion même pour les sciences et les lettres :

« Pour moi, dit-il2, je souhaite que tous ceux qui aiment et cultivent les sciences, prennent part à mon indignation. J e confesse ouvertement les tendances de mon âme et mes goûts de prédilection. J’ai laissé à d’autres la fortune, l’illustration de la naissance, la gloire, les dignités, et tous ces biens imaginaires qui flattent la vanité et l’ambition des hommes. Je n’ai d’ardeur

1 — A. de Broglie, ouv. cit., p. 218.

2 —Disc. IV.