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historiens anciens l’aient affirme’, M. de Broglie ne le croit pas ; M. Paul Allard tient cette opinion pour simplement probable . Quoi qu’il en soit, l’édit publié contre les maîtres faisant profession de christianisme tendait en pratique soit à éloigner des écoles ceux qui n’y eussent trouvé que des leçons d’un paganisme victorieux et arrogant, soit à corrompre par ces leçons mêmes les élèves assez imprudents pour y prêter] une oreille complaisante.

C’était d’une habile perfidie.

« La législation sur l’enseignement est un des faits révélateurs de la persécution de Julien. Elle en montre le caractère. Ce n’est pas, comme aux siècles précédents, la persécution violente et sanglante, bien que, en des circonstances exceptionnelles, et sous des prétextes divers, le sang chrétien y ait aussi coulé. C’est la persécution bénigne, insidieuse, qui n’attaque pas de front, mais emploie les moyens obliques. Elle travaille à semer les divisions, fait marché avec les consciences, les place entre l’intérêt et le devoir... Elle cherche à mettre peu à peu les chrétiens à l’écart de toutes les fonctions publiques, à les pousser doucement hors la cité, hors la loi... Son plus grand succès sera de faire des résignés, c’est-à-dire, si elle y parvient, des vaincus . »

On reconnaît bien à ces traits l’odieuse et astucieuse tactique employée de nos jours contre la liberté religieuse et reçue en ligne directe de Julien l’Apostat. C’est chose remarquable comme, de part et d’autre, ce machiavélisme se colore des mêmes spécieux prétextes, se présente sous une même phraséologie sonore, s’enveloppe des mêmes élastiques formules. Julien, pour motiver son injuste législation, disait : « Tous ceux, qui font profession d’enseigner, devront désormais avoir l’âme imbue des seules doctrines qui sont conformes à l’esprit public *. » Et qu’était-ce, aux yeux de Julien, que « l’esprit public », sinon

1 — Ibid., p. 216.

2 — Ouv. cit., p. 362.

3— Allard, ibid., pp. 367-68.

4 — Ibid., p. 357.