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du vrai et du beau, faire peser sur ses adeptes la honte de l’ignorance et le poids du mépris public.

C’est ce qui inspira à Julien sa législation scolaire, promulguée en 362, et conçue dans le dessein avéré d’interdire aux chrétiens le sanctuaire des lettres.

Jusque là les villes avaient été maîtresses de la nomination aux chaires fondées par elles, et peut-être aussi aux chaires rétribuées par l’E t a t . Julien, dans une première loi, se réserva à lui-même le contrôle et l’approbation définitive de ces nominations .

Faisant un pas de plus, et afin d’atteindre et de blesser à mort l’enseignement libre, il édicta, peu de temps après, une seconde loi portant défense, pour tous les maîtres non païens, de tenir école. Ce document ressemble plus à une dissertation qu’à un édit. On y lit les paroles suivantes, dissimulant mal le sophisme qu’elles recèlent : « Homère, Démosthène, Hérodote, Thucydide, Isoerate ne reconnaissent-ils pas tous que les Dieux sont les pères et les guides de toutes sciences ? N’est-il donc pas absurde de voir que ceux-là même qui interprètent les livres de ces grands hommes insultent les Dieux qu’ils ont honorés ? J e trouve cette conduite insensée, non cependant que je veuille contraindre ceux qui la tiennent à changer de sentiment ; mais je leur donne le choix, ou de ne plus enseigner ce qu’ils réprouvent, ou, s’ils persistent à enseigner, de convenir alors eux-mêmes et de redire à leurs disciples que ni Homère, ni Hésiode, ni les autres écrivains qu’ils interprètent, ne sont coupables d’impiété, de démence ou d’erreur, comme on les en accuse . »

A cette loi prohibant l’enseignement, par des maîtres chrétiens, de la littérature classique, Julien en ajouta-t-il une autre visant directement les élèves de mêmes croyances et leur interdisant pareillement l’étude des lettres gréco-latines ? Bien que plusieurs

1 — Allard, ouv. cit., t. II, p. 354. 2 — Ibid., p . 355. 3 Alb. de Broglie, L’Eglise et l’Empire romain au IV siècle, II" P., t. I I , p. 211 ( 4 éd.).